Dans le cadre de cette édition de nos « Conversations avec les leaders environnementaux », le président de Rolland, Philip Rundle, s’intéresse au magazine trimestriel consacré à la musique roots No Depression, à sa conscience écologique et à sa défense de la diversité culturelle.
No Depression a vu le jour sous forme de magazine musical bimensuel en 1995. Après la fin de son édition imprimée en 2008, le magazine est paru uniquement en ligne durant quelques années, avant d’être relancé sous son format actuel en 2015.
La rédactrice en chef Hilary Saunders nous parle des forces de cette publication imprimée et de sa captivante édition d’automne 2020, intitulée « Going Green », qui s’intéresse au croisement de l’écologisme et de la musique roots en abordant une variété de sujets, tels que des musiciens qui ont trouvé du réconfort dans le jardinage pendant la pandémie.
No Depression aspire à faire sourire ses abonnés
• Chaque numéro exempt de publicité compte plus de 100 pages d’articles de fond, agrémentés de photos saisissantes et d’œuvres d’art originales.
• No Depression est publié par la FreshGrass Foundation, une organisation américaine sans but lucratif qui soutient la musique grassroots et exploite également les FreshGrass Festivals et la plateforme de radio Web Folk Alley.
La pandémie de 2020 a-t-elle eu un impact sur No Depression?
Le fait de passer davantage de temps à la maison a rappelé aux gens ce qui leur apporte du plaisir. Nous regardons plus de télévision et de films, lisons plus de livres, achetons davantage de disques et écoutons plus de musique. Ainsi, les abonnements à notre magazine imprimé ont augmenté de façon graduelle. Nous sommes une publication spécialisée proposant des articles de fond sur la musique roots. Nos abonnés veulent soutenir notre type de journalisme indépendant et sans but lucratif, qui appuie à sa façon les artistes indépendants que nous couvrons.
L’instabilité des marchés a-t-elle nui à la production du magazine?
Notre processus de production est demeuré exactement le même. Depuis le début de mon mandat, en novembre 2017, notre équipe travaille entièrement à distance. La seule différence majeure est que nous ne couvrons plus de concerts, puisque les prestations scéniques ont évidemment été mises en pause.
Il n’est pas rare que vous écouliez tous les exemplaires de votre magazine. Pourquoi en est-il ainsi, selon vous?
Depuis que je suis à la tête de No Depression, nous avons publié neuf numéros. De ce nombre, trois ont été vendus jusqu’à épuisement des stocks. Je crois que c’est parce que notre format occupe un créneau très précis, peut-être pas dans l’histoire du journalisme, mais assurément dans l’univers des médias du 21e siècle. Notre calendrier de publication trimestriel nous permet de produire plus de 100 pages de reportages de fond sur des sujets qui ne sont généralement pas beaucoup abordés au sein de l’industrie musicale.
Comment No Depression contribue-t-il à la diversité culturelle?
Nous faisons tout en notre possible pour donner la parole aux voix marginalisées, tant du côté des artistes que de nos contributeurs (journalistes, photographes, illustrateurs et concepteurs graphiques). À titre de journaliste musicale, mon objectif au sens large est de montrer comment la musique roots peut être un moteur de changement social. No Depression aspire à être aussi inclusif que possible, et à refléter l’éventail des perspectives des créateurs et des amateurs de musique roots. Nous présentons des événements, des sujets, des gens, des musiciens, des chansons, des traditions et des pans de l’histoire qui ne sont couverts nulle part ailleurs.
Par exemple, notre numéro intitulé « Wellness » comprenait un photoreportage de Chad Cochran, qui a invité des musiciens et des auteurs-compositeurs à parler candidement de leurs problèmes de santé mentale, et de la façon dont ils tentent de les régler. Les photos poignantes de ces gens qui nous apaisent par leurs mots et leurs mélodies sont puissantes parce qu’elles en disent long sur leur for intérieur. Il s’agit d’un exercice important, parce que les études démontrent que les professionnels issus des milieux créatifs sont plus enclins à ce type de problématiques.
Pourquoi avez-vous choisi l’écologisme comme thème de votre plus récent numéro?
Nous avons choisi le thème « Going Green » il y a près d’un an, dans le but de dépolitiser les changements climatiques et de se pencher sur l’impact de l’écologie sur l’industrie de la musique, et sur la musique roots en particulier.
Nous savions que la sortie de ce numéro allait coïncider avec les élections américaines, et nous voulions sensibiliser la population aux questions environnementales qui peuvent avoir une incidence sur les intentions de vote, l’avenir de notre pays et celui de notre planète. Ce numéro met l’accent sur l’impact de l’environnement sur les musiciens et l’industrie de la musique.
Avez-vous eu de la difficulté à trouver des artistes qui travaillent à créer un monde plus durable?
Pas du tout. Par contre, nous avons été attristés de constater en temps réel l’impact de la pandémie de 2020 sur les artistes. Pour notre dernier numéro, nous avions prévu couvrir divers festivals qui ont développé des stratégies vertes intéressantes, et présenter les façons dont les musiciens parviennent à réduire leur empreinte environnementale en tournée. Comme les festivals et les concerts ont été annulés, nous avons dû faire une croix sur ces reportages.
Nous avons donc adopté une perspective plus large, en proposant des articles sur l’histoire des chansons engagées, et le coût environnemental de la diffusion en continu et de la production de disques. Nous avons également créé des mini-profils de musiciens qui se sont mis au jardinage ou qui y sont retournés pendant la pandémie, et qui créent essentiellement des Jardins de la victoire du 21e siècle.
Quels critères de durabilité exigez-vous de la part de vos fournisseurs de papier?
2020 marque le 25e anniversaire de No Depression. Chaque numéro publié cette année débute donc par un article qui souligne un aspect de notre croissance. Notre dernier numéro présente le manifeste de la Fondation Fresh Grass qui décrit les choix et les objectifs en matière de durabilité pour toutes les organisations partenaires de la fondation, y compris ses fournisseurs. Il s’agit d’un super manifeste, accompagné d’une aquarelle originale tout simplement magnifique.
Pourquoi avez-vous choisi le papier 100 % recyclé de Rolland?
Ce choix a été fait avant que je me joigne à l’équipe. Je suis bénévole pour différentes organisations environnementales depuis que j’ai neuf ans. Je me considère donc choyée de travailler pour une publication imprimée qui fait de l’environnement une réelle priorité.
Comment évaluez-vous les papiers Rolland en matière de qualité d’impression?
Nous sommes toujours enchantés par la qualité d’impression du magazine. Le papier que nous utilisons pour raconter nos histoires fait partie de l’identité de notre publication.
Souvent, lorsque de nouveaux abonnés reçoivent leur première copie du magazine, ils y plongent le visage pour en humer les pages et nous disent à quel point elles sentent bon. J’adore ça! On n’a assurément pas le même sentiment en ouvrant son ordinateur portable! Rien ne remplace le plaisir tactile de tenir une publication de qualité entre ses mains.
Comment votre magazine rend-il justice aux œuvres d’art que vous commandez?
Je vais vous raconter une histoire. Un jour, une illustratrice montréalaise m’a approchée pour me dire : « Mon père lisait No Depression. J’ai grandi avec le magazine, et j’aime ce que vous faites en version imprimée. Si vous cherchez des artistes visuels, voici mon porte-folio. Merci de penser à moi. » C’est comme ça que nous avons commencé à collaborer.
Lors d’un voyage à Montréal, j’ai visité son studio et elle m’a donné l’original d’une illustration que nous avons ensuite publiée dans notre numéro du printemps 2019. Elle est maintenant encadrée et accrochée à mon mur. Je peux vous dire que la version imprimée est digne de l’original.
Selon vous, No Depression est-il un leader environnemental?
Absolument. Tous les jours, je suis fière que No Depression fasse partie de la FreshGrass Foundation, une organisation sans but lucratif extrêmement soucieuse de la durabilité, de l’environnement et du monde naturel dans son ensemble. Le contenu de notre magazine fait écho à cette conscience écologique. Nous voulons que chaque aspect de notre magazine – jusque dans ses matières premières comme le papier –, soit également respectueux de l’environnement.